# Administrateur | 16/09/2008 | Idees-Debat
Selon le professeur Mourad Boukella
L’exposé donné par Mourad Boukella, professeur à la faculté des sciences économiques et de gestion d’Alger et directeur de recherche au CREAD, lors d’une conférence -débat organisée par la fondation Friedrich Ebert, dimanche dernier à Alger, sous le thème « politiques agricoles, dépendance et sécurité alimentaire », a été qualifié par plusieurs intervenants de « provocateur » car le conférencier s’est évertué à défendre une thèse selon laquelle « l’Algérie n’est pas un pays à vocation agricole » et a remis en cause toutes les politiques agricoles menées jusqu’ici.
Aux yeux de M. Boukella, le pays doit se préparer à affronter quatre grands défis : la préservation des ressources en terre arable et en eau, la résolution du foncier agricole, le défi de la reconstruction des articulations agriculture/industrie et en dernier la redéfinition du mode d’insertion de notre économie alimentaire. « Avons-nous réellement les moyens de relever ces défis ? » s’interrogera-t-il.
S’agissant de la préservation des terres agricoles utiles et des ressources en eau, le professeur soulignera que, pour y répondre, «il faudra commencer par exclure le mythe de la vocation agricole de l’Algérie ».
Et de lancer : « L’Algérie n’a aucune vocation agricole pour la simple raison que nous sommes un pays semi-aride et dont les ressources en terre arable et hydriques sont très fragiles et faibles.» Pour étayer son propos, il s’appuiera sur quelques constantes, celle de la surface agricole utile (SAU), estimée à 8 millions d’hectares, soit 3% du territoire national, et celle de la répartition par tête d’habitant dont le rapport est de 0,25 ha/h. « Un taux des plus faibles, comparativement à ceux des pays du Bassin méditerranéen », a indiqué le chercheur qui estime que ce faible taux ne peut être revu à la hausse. « Les pluies sont de plus en plus rares et de surcroît irrégulières, un facteur défavorable pour l’activité agricole », arguera le professeur. «A partir de ces indices, je crois qu’il n’y pas lieu de parler de vocation agricole de l’Algérie », conclut-il.
Partant de cette conclusion, l’invité de la fondation Friedrich développera sa propre vision du problème. «C’est parce que l’Algérie n’a pas cette tendance qu’il faudra réfléchir par deux fois pour arriver à assoir une véritable politique agricole qui puisse faire face aux aléas climatiques. En clair, l’action de l’homme peut arriver à surmonter de tels facteurs climatiques négatifs, c’est-à -dire peut jouer énormément sur la vocation agricole d’un pays», dira-t-il.
Pour appuyer sa thèse, M. Boukella citera l’exemple de pays voisins : « Pour des conditions climatiques similaires, les rendements agricoles ne sont pas les mêmes et arrivent même à des performances sur la production céréalière et de la pomme de terre.»
Dans cet ordre d’idées, le conférencier s’étonne de ne pas avoir rencontré de données sur le nombre réel de terres agricoles qui ont perdu leur vocation depuis l’indépendance du pays.
« Tout ce que j’ai pu relever, ce sont les 500 000 hectares mis en valeur par le biais du PNDA », dira-t-il. A propos des politiques agricoles successives menées jusqu’ici, M. Boukella affirmera dans son exposé qu’«elles ont continué à fonctionner selon la logique qui consiste à parer au plus pressé et à remettre à plus tard les préoccupations nécessaires du renversement du modèle agro-importation ».
«Les réformes de 1987 et le PNDA ont aussi laissé en suspens les problèmes fondamentaux et leur résolution se pose aujourd’hui avec beaucoup d’acuité. C’est le cas de notre balance agroalimentaire qui reste encore déficitaire», affirme-t-il. « Nous sommes dans un système agroalimentaire entièrement dépendant des importations, ce qui risque de porter atteinte à notre sécurité alimentaire », déclare le professeur qui, soutenant que la sécurité alimentaire ne dépend ni exclusivement ni même principalement de l’agriculture et des politiques agricoles, affirme qu’elle est «avant tout affaire de niveau de développement économique général ».
Au cours des débats qui ont suivi la conférence, les intervenants ont reconnu qu’il est impératif de donner la priorité à la formation et à la recherche dans le domaine agricole, car ce sont là les prérequis du développement de l’agriculture.
[ source ]
Par Ziad Abdelhadi
Photo : S. Zoheir
La Tribune, Ă©dition du 16 Septembre 2008
# Administrateur | 16/09/2008 | Idees-Debat
Les difficultés engendrées par le jeûne s’amplifient avec le décalage de ce mois sacré vers l’été, aggravant les risques de déshydratation, notamment chez le sportif dont les efforts répétés peuvent provoquer des pertes hydriques importantes, avec des conséquences parfois fâcheuses sur la santé. De nombreux débats ont eu lieu particulièrement au niveau des médias, mais d’une part les données scientifiques existantes (relativement rares) n’autorisent pas des conclusions définitives fiables, et d’autre part, nos responsables sportifs ne semblent pas prendre en considération les recommandations faites par les spécialistes à différentes occasions. Pour comprendre les changements provoqués par le jeûne sur les fonctions organiques, il faut analyser l’ensemble des paramètres susceptibles d’y participer.
1. Facteurs de performance sportive
La performance dans le domaine sportif est la résultante d’une interaction entre un certain nombre de facteurs dont la combinaison et l’influence varient avec les conditions de déroulement de l’entraînement et/ou de la compétition :
Le facteur physique constitue la base de l’expression de la performance sportive et de sa préparation. II prend de plus en plus d’importance, avec des charges de travail de plus en plus élevées, poussant hélas certains à transgresser l’éthique sportive, afin de vaincre les limites physiologiques de l’organisme, sans se soucier des répercussions parfois dramatiques sur la santé du pratiquant. Les fortunes colossales engrangées par le sport de haut niveau expliquent le pourquoi du recours aux produits dopants, transformant l’athlète en machine à scores rémunératifs.
Le facteur technico-tactique intervient de façon déterminante dans certaines disciplines ; il est destiné à optimiser les qualités techniques intrinsèques de l’athlète et à rentabiliser les situations de jeu qu’il pourrait rencontrer lors de la compétition. Ce facteur qui prend en compte également l’habileté du pratiquant permet d’effectuer un travail en économie d’effort.
Le facteur psychologique est parfois l’élément déterminant en compétition. La motivation joue en effet un rôle capital pouvant même compenser un éventuel déficit de condition physique. L’aspect psychologique prend une place importante dans le processus de préparation des sportifs de haut niveau, en raison des contraintes liées à la compétition et au stress qui s’ensuit.
2. Facteurs de performance et Ramadhan
Si l’interaction des facteurs sus-cités est bien mise en évidence pour la concrétisation de la performance sportive, les conditions de déroulement de la compétition sont susceptibles d’influer sur la part de chacun d’eux.
Le facteur physique est intimement lié à l’apport énergétique. En effet, le muscle, pour activer, a besoin d’un apport énergétique provenant essentiellement des glucides et des lipides. Le mois du Ramadhan est bien connu pour ses richesses alimentaires, en sucres, matières grasses et protides. Le musulman, quel que soit son niveau social, mange plus riche pendant le mois de carême, certains allant même jusqu’à s’endetter pour cela. Le problème de l’apport énergétique ne peut donc pas être incriminé dans le cas de contre-performance éventuelle.
Le facteur psychologique est lié à la personnalité du sportif lui-même. En effet, l’élément conviction est capital dans ce domaine, amenant certains à se surpasser pour montrer que le jeûne ne représente pas un handicap pour eux. Cette motivation d’ordre spirituel peut effectivement compenser une insuffisance éventuelle de condition physique, mais ne suffit plus lorsque les compétitions se répètent de façon rapprochée.
Le facteur technico-tactique dépend en partie du niveau de condition physique, mais peut également être aménagé de manière à réduire les efforts de l’athlète concerné. Les perturbations liées au Ramadhan sont imputables essentiellement à deux volets :
le volet hydrique, avec la perte d’eau importante liée aux efforts, surtout lorsque la saison concernée est l’été avec ses canicules et un taux d’humidité parfois très élevé. L’impossibilité de s’hydrater pendant la journée rend les entraînements et compétitions diurnes très pénibles et parfois risqués pour la santé (répercussions rénales, cardiaques et musculaires). La réhydratation constitue le moyen de récupération essentielle, particulièrement en période de grande chaleur.
Le volet sommeil, avec les changements d’habitudes, amenant les jeûneurs à veiller et consommer des excitants (café, thé) susceptibles de prolonger l’état de veille. Le sommeil représente un élément réparateur capital pour l’individu, sa perturbation pouvant accélérer la survenue de fatigue avec les risques particuliers pour le sportif (contre-performance, défaut de vigilance, blessures).
3. La gestion du couple Ramadhan-sport
Le mois de carême revient chaque année, avec un décalage annuel d’une dizaine de jours, provoquant son glissement progressif d’une saison à une autre, passant ainsi des conditions hivernales (froid et journées courtes) à celles de l’été (chaleur et journées longues). Les difficultés de pratique du jeûne varient donc avec les conditions imposées par le moment de sa survenue.
3.1 Cas du Ramadhan en hiver
Lorsque le mois sacré du Ramadhan survient en saison hivernale, les difficultés sont nettement surmontables par le fait que les journées soient courtes, les nuits longues et le climat doux. Le jeûneur a ainsi la latitude de s’alimenter sur une durée plus longue que celle correspondant à la privation. Le sportif peut profiter du dernier repas (s’hour) qui doit être pris le plus tard possible, afin de mieux bénéficier des réserves énergétiques. Cet ultime repas sera composé de sucres lents et de sucres rapides qui permettront de mieux résister aux exigences des efforts programmés. Le contenu traditionnel de notre s’hour, basé sur le couscous et le raisin sec, répond parfaitement à ces exigences. Le jeûneur ne doit pas oublier de bien s’hydrater. Dans ce cas d’espèce, il serait préférable de programmer les entraînements et compétitions en fin de journée, de manière à ce qu’on ne soit pas trop loin de l’heure de rupture du jeûne qui autoriserait une réhydratation rapide .
3.2 Cas du Ramadan en été
Lorsque le mois de carême survient en période de chaleur, les journées deviennent longues, des températures élevées et parfois très humides et les nuits raccourcies. Cette situation demande plus de sacrifice, la durée de privation étant plus longue et contraignante. Le jeûneur doit profiter des heures autorisées pour s’alimenter correctement et surtout s’hydrater de façon répétée afin de prévenir les pertes d’eau importantes de la journée. II est conseillé de réduire, par rapport à la situation d’hiver, la consommation de sucres rapides et augmenter celle des sucres lents qui permettent de mieux répondre aux besoins énergétiques de la journée. En ce qui concerne les entraînements et surtout les compétitions, il serait préférable de les programmer en nocturne, en observant quelques règles. • Respecter la durée moyenne de digestion qui est de l’ordre de 3h ; • manger relativement léger à l’heure du ftour, afin de ne pas gêner le processus digestif au moment de l’effort et de ne pas être confronté au phénomène de somnolence postprandiale, très désagréable pour la pratique sportive. Le sportif pourra compléter son alimentation après la compétition. Un bon café ou thé après le repas peut aider à la fois la digestion et le maintien de l’état d’éveil. Le sportif doit également continuer de boire par petites quantités jusqu’à l’approche de la séance d’efforts, afin de réduire les risques de déshydratation. En période de Ramadhan estival, les responsables sportifs devraient adapter les programmes compétitifs nationaux en réduisant les compétitions pour les deux premières semaines afin de permettre l’adaptation progressive de l’organisme. Il serait même plus logique de surseoir à toute compétition la première semaine, l’adaptation commençant à se manifester à partir de la deuxième semaine pour s’améliorer avec le temps. Lorsqu’il s’agit d’une compétition internationale imposée par le calendrier des fédérations mondiales pour le début du mois de Ramadhan (cas du dernier match Algérie-Sénégal), le phénomène d’adaptation devrait être pris en charge à l’avance, en programmant des séances d’entraînement à l’heure prévue pour la compétition, et dans des conditions proches de celles du carême : prendre son dîner à l’heure prévue pour le ftour et s’entraîner à l’heure programmée pour la compétition. Afin de ne pas perturber leur récupération, les athlètes devraient respecter quelques heures supplémentaires de sommeil pendant la journée en raison du raccourcissement des nuits.
4- Le Ramadhan et l’activité physique
L’activité physique à objectif santé et loisir ne pose pas de gros problèmes par rapport au sport de compétition. Les efforts sont nettement moins prononcés et le pratiquant a toute latitude de choisir le moment d’exercer son activité. Il n’est pas tenu également de procéder aux mêmes variations d’horaire que les athlètes, selon la saison. Le « sportif de loisir » peut respecter les mêmes principes, en été comme en hiver : programmer ses entraînements en fin de journée, afin de bénéficier d’une part de la réduction de l’intensité de la chaleur, d’autre part terminer sa séance à l’approche de l’heure de rupture du jeûne, de manière à pouvoir se réhydrater rapidement et protéger ainsi sa santé. L’entraînement à visée sanitaire doit tenir compte de quelques répercussions du jeûne prolongé sur les fonctions organiques, notamment au niveau de l’appareil locomoteur. En effet, les structures musculo-tendineuses perdent de leur élasticité, ce qui pourrait les exposer à des lésions traumatiques, en cas d’efforts brutaux. Aussi, il est recommandé de débuter sa séance d’entraînement par une marche avant d’entamer son jogging à vitesse modérée. La séance devra être complétée par des exercices d’étirement, particulièrement des muscles des membres inférieurs, lombaires et de l’épaule qui sont les plus sollicités par les gestes de la vie quotidienne.
L’auteur est : Professeur de médecine du sport
[ source ]
Par Rachid Hanifi
El Watan, Ă©dition du 16 Septembre 2008
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